Activité physique en entreprise
95% de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis ! Ces risques sont majorés lorsque le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité sont cumulés. Certaines populations sont plus exposées. C'est le constat d'une expertise de l’Anses parue en 2022.
Sensibiliser les salariés et les employeurs à l'importance de pratiquer une activité physique régulière, ainsi que de diminuer le temps passé assis est primordial. C'est un enjeu majeur de santé publique, de santé au travail et de performance de l'entreprise.
Activité physique : de quoi parle-t-on ?
Afin de sensibiliser à l'importance de l'activité physique, enjeu majeur de santé publique, il est essentiel de mieux comprendre le contexte et les notions associées.
L'activité physique est définie comme « tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques entraînant une augmentation de la dépense énergétique par rapport à la dépense énergétique de repos ». Les principaux contextes de pratique de l’activité physique sont le travail, les transports, les activités domestiques et les loisirs (exercice, sport, activité physique de loisir non structurée).
L’activité physique c’est faire du sport, mais aussi travailler, marcher, danser, jardiner, faire le ménage, jouer avec les enfants, promener le chien...
L’inactivité physique est définie comme un niveau insuffisant d’activité physique d’intensité modérée à élevée. Elle correspond à un niveau d’activité physique inférieur à un seuil recommandé (30 minutes d’activité physique d’intensité modérée au minimum cinq fois par semaine).
L’activité physique d’intensité modérée peut correspondre, par exemple : à la marche < 8km/h, à la marche nordique, au Pilates, au vélo entre 16 et 20 km/h, à la danse de salon, à l’aquagym…
La sédentarité est définie par une situation d’éveil caractérisée par une dépense énergétique faible en position assise ou allongée. La sédentarité (ou comportement sédentaire) est donc définie et considérée distinctement de l’inactivité physique, avec ses effets propres sur la santé. On évalue à 38 % la part des adultes passant plus de 8 h/j dans un comportement sédentaire, avec une proportion plus élevée chez les adultes les plus jeunes (42 % des 18-44 ans) que chez les adultes plus âgés (31 % des 45-64 ans).
Les conséquences sur la santé sont nombreuses. Un mode de vie sédentaire et inactif augmente le risque : de maladie cardiovasculaire, de diabète de type 2, d’obésité, de certains cancers, de troubles musculosquelettiques (TMS)…
Les risques pour la santé sont majorés lorsque le manque d’activité physique et l’excès de sédentarité sont cumulés.
Au-delà des conséquences sur la santé physique, il a été observé qu’un manque ou que l’absence d’activité physique favorise les troubles anxieux et dépressifs.
La solution pour prévenir la sédentarité ? Bouger ! Le corps a besoin d’être en mouvement pour bien vivre.
Les enjeux de l'activité physique en entreprise et les outils pour vous aider
Pour les adultes âgés de 18 à 64 ans, il est recommandé de pratiquer une activité physique régulière. Les adultes devraient pratiquer au moins 2 heures 30 d’activité physique d’intensité modérée par semaine pour en retirer des bénéfices substantiels sur le plan de la santé. Il s’agit communément des 5x 30 minutes par semaine recommandées.
Les adultes devraient également pratiquer des activités de renforcement musculaire deux fois par semaine ou plus, au vu des bénéfices supplémentaires que ces activités apportent sur le plan de la santé.
Le renforcement musculaire qualifie toute activité qui tend à exercer les muscles de manière à faire évoluer son corps, à le rendre plus résistant, plus mobile, plus fonctionnel.
Il est recommandé de limiter le temps passé assis et le remplacer par une activité physique de tout niveau d’intensité.
Les recommandations diffèrent pour les enfants, les personnes âgées de plus de 64 ans et certaines situations particulières (handicap, maladies, femmes enceintes ou en post-partum…). Se référer aux recommandations de l’OMS.
Pour les personnes âgées et/ou pour certaines situations particulières, la prescription d’une Activité Physique Adaptée (APA) peut être préconisée. Parlez-en à votre médecin traitant, médecin spécialiste ou à votre médecin du travail !
La pratique d’activité physique doit être régulière, adaptée, sécurisée et progressive.
Avec le développement du secteur tertiaire, secteur dans lequel la posture assise est fréquemment rencontrée, et depuis quelques années, du télétravail, le monde du travail s’est sédentarisé.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère la sédentarité comme la 4ème cause principale de décès prématurés dans le monde. La problématique de la surcharge pondérale, qui en est une des conséquences, touche désormais près de la moitié de la population française et peut entraîner des affections telles que le diabète de type 2 ou les maladies cardiovasculaires. Ces pathologies sont d’ailleurs en progression constante depuis plusieurs années.
Au regard du nombre de personnes concernées, la sédentarité est devenue un réel problème de santé publique.
En termes de santé au travail les enjeux sont considérables.
L’employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses salariés. Il doit mettre en œuvre des actions de prévention, en procédant à une évaluation des risques professionnels dont découle un plan d’action de prévention.
À cet égard, l’activité physique reste un outil qui peut contribuer à la prévention des risques psychosociaux, des troubles musculosquelettiques et de l’usure professionnelle. C’est-à-dire favoriser le maintien dans l’emploi et la prévention de la désinsertion professionnelle.
Si les bénéfices sur la santé physique sont largement partagés, la pratique d'une activité physique et sportive au sein de l'entreprise contribue aussi au bien-être, à la motivation, à l’estime de soi et à la cohésion du collectif.
Ces éléments participent tous à la santé dans ses dimensions mentale, psychologique et sociale.
Néanmoins, il est important de comprendre que les bénéfices pour la santé associés à la pratique d’une activité physique de loisirs régulière ne suffisent pas à compenser les effets délétères liés aux postures sédentaires au travail.
La prévention des risques liés aux postures sédentaires s’appuie sur une démarche collective qui consiste à agir sur les conditions et l’organisation du travail. Elle ne peut se substituer aux obligations relatives à la prévention des risques professionnels. (Se référer à l’ED 6494 Les postures sédentaires au travail, INRS).
Si les bénéfices de la pratique d’activité physique sont largement démontrés scientifiquement, la crise sanitaire liée à la Covid19 est venue en rappeler les bienfaits sur la qualité de vie, le bien-être et la santé :
La pratique de l'activité physique contribue à :
- Diminuer le risque de maladie cardiovasculaire.
- Diminuer le risque de diabète de type 2.
- Limiter la prise de poids.
- Augmenter la part de « bon » cholestérol dans le sang en lien avec une alimentation équilibrée.
- Diminuer le risque de certains cancers, d’ostéoporose, de la maladie d’Alzheimer…
- Améliorer la condition physique.
- Lutter contre les douleurs musculaires, tendineuses et ligamentaires ainsi que le mal de dos.
- Augmenter la force musculaire et améliorer l’endurance.
- Améliorer l’équilibre, la souplesse et la coordination. Diminuer le risque de chute.
- Permettre de rester plus autonome avec l’âge.
- Améliorer la qualité de vie et la sensation de bien-être.
- Avoir un effet positif sur l’anxiété et la dépression.
- Favoriser la détente et le sommeil.
- Développer la relation à l’autre et l’estime de soi, …
La mise en place de l'activité physique et sportive en milieu professionnel pourrait contribuer à :
- Baisser l’absentéisme et le turn over (respectivement de 5,6 % et 3,2 %*).
- Améliorer la productivité du salarié et la rentabilité nette (respectivement de 6 à 9 % et de 1 à 14 %*).
- Prévenir les accidents du travail et les TMS.
- Améliorer la gestion du stress des salariés.
- Renforcer l’esprit d’équipe.
- Élever l’engagement des collaborateurs.
- Développer le sentiment d’appartenance. En améliorant le bien-être des employés et la qualité de vie au travail, l'activité physique en entreprise répond aussi aux enjeux de la RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise). Il devient par là un élément de la marque employeur.
*Etude menée par Goodwill management portée par le MEDEF et le CNOSF avec le soutien, d’AG2R La Mondiale, Septembre 2015
Une étude réalisée en 2017 par le Comité Nationale Olympique et Sportif Français (CNOSF), indique que 87% des dirigeants ont déjà entendu parler des bienfaits du sport en entreprise, mais qu'ils sont seulement 18% à mettre en œuvre un moyen de pratiquer une Activité Physique et Sportive (APS) ! En cause, différents freins liés à des locaux non adaptés, le manque de moyens humains et financiers, des contraintes réglementaires, le risque juridique, le manque d’informations, le manque de motivation des salariés …
Il est important de lever les freins et transformer la perception et l’appropriation de l’APS en milieu professionnel comme moyen de prévention.
Aussi, le cadre légal et réglementaire a été repensé pour inciter et sécuriser les entreprises ; le décret n°2021-680 du 28 mai 2021 fixe les conditions d’exonération de cotisation applicables aux avantages liés à la mise à disposition d’équipements sportifs ou au financement d’activités physiques par l’employeur
Afin de promouvoir et favoriser la pratique sportive en entreprise, les avantages constitués par la mise à disposition par l’employeur d’équipements à usage collectif dédiés à la réalisation d’activités physiques et sportives ou par le financement par l’employeur de prestations d’activités physiques et sportives, sont, dans certaines conditions et limites, exonérés de cotisations et contributions sociales, même lorsque l’entreprise est dotée d’un comité social et économique (CSE).
- Mise à disposition d’équipements à usage collectifs visés
Sont concernées :
- la mise à disposition d’une salle de sport appartenant ou louée par l’entreprise ;
- la mise à disposition de vestiaires et de douches ;
- la mise à disposition d’un matériel sportif.
- Financement de prestations d’activités physiques et sportives visées
Sont concernés :
- le financement de cours collectifs d'activités physiques et sportives ;
- le financement d'événements ou compétitions de nature sportive.
Trouver les modalités d’actions les plus adaptées à l’organisation du travail et aux souhaits des collaborateurs, nécessite pour les employeurs de résoudre un certain nombre de questions :
- Définir les créneaux horaires (pause méridienne ou fin de journée ; hors temps de travail ou inclus) ;
- Aménager les locaux (douches, vestiaires) ou mettre à disposition ou créer des espaces de pratique ;
- Mobiliser des équipements externes ;
- Adapter l’organisation du travail ;
- Définir l’offre d’activités proposées ;
- Utiliser ou non des outils numériques ;
- Solliciter les prestataires ou coachs sportifs pour une pratique encadrée ;
- Évaluer le coût des prestations ;
- Solliciter une participation individuelle ou du comité social et économique ou proposer la gratuité.
La norme AFNOR-SPEC S52-416, publiée en octobre 2021 (à télécharger gratuitement) présente un ensemble de bonnes pratiques et d’orientations pour mettre en place des activités physiques et sportives (APS) en milieu professionnel.
Le Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a mis en ligne un dossier thématique « Activités Physiques et Sportives en milieu professionnel ». Un guide juridique en réponse aux principales questions des employeurs est mis à disposition et présente des cas concrets pour les rassurer et les accompagner à promouvoir la pratique d’APS et en faciliter l’accès.
DES ACTIONS CONCRÈTES À METTRE EN PLACE
Une première étape, est la mise en place d'actions de sensibilisation sur l'importance et les bénéfices de la pratique de l'activité physique.
Par exemple :
- Proposer des temps forts dans l’année. Organiser une journée « bien être en entreprise ».
- Mettre à disposition des ressources d'information (affiches, dépliants).
- Organiser une conférence sur le sujet.
- Faire participer l’entreprise à des événements sportifs locaux ou nationaux...
La deuxième étape est de faciliter le développement de la pratique d'APS en mettant à disposition les moyens matériels
Par exemple :
- Proposer des horaires flexibles.
- Faciliter l'accès à des structures externes.
- Mettre à disposition une douche au sein de l'entreprise.
- Trouver des ambassadeurs dans l’entreprise ou création d'un référent Activités Physiques et Sportives au sein du milieu professionnel.
- Essayer le sport 2.0 (les applications sportives et les coachs virtuels).
- Mutualiser les infrastructures. Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir une salle de sport dédiée pour favoriser les Activités Physiques et Sportives en entreprise. De plus en plus d’entreprises mutualisent leurs espaces (équipements, douches, etc.).
LES FACTEURS DE RÉUSSITE
- Le recueil des attentes et besoins des salariés afin de mettre en place des programmes adaptés de nature à garantir leur participation.
- La mise en place d’un programme d’actions structuré qui sera intégré le plus souvent dans un plan qualité de vie et des conditions de travail (QVCT) ou de responsabilité sociétale de l’entreprise (RSE), en fixant des objectifs clairs et évaluables.
- La recherche du modèle économique permettant de pérenniser les actions, en tenant compte de la situation de l’entreprise, des attentes des salariés, des partenaires potentiels, en mutualisant les moyens avec d’autres entreprises si nécessaire (notamment TPE et PME).
- L’accompagnement des entreprises dans la mise en œuvre de ces programmes pour s’assurer de leur pertinence et faisabilité avec l’appui, si nécessaire, des collectivités locales, des fédérations, des branches professionnelles, etc.
QUEL COÛT ?
Difficile de définir un prix précis concernant la mise en place d’activités physiques et sportives au sein d’une entreprise pour deux raisons:
- cela va dépendre de la taille de l’entreprise et du besoin spécifique (salle de fitness avec des machines, pièce aménagée pour des cours collectifs, mise en place de vestiaires, de douches, etc.).
- cela dépend des attentes de l’entreprise et des salariés en termes de prestations.
Quoi qu’il en soit, au regard des avantages du sport en entreprise, cette solution ne doit pas être considérée comme une dépense, mais véritablement comme un investissement pour réduire les coûts à court et long terme.
- AVIS DE L’ANSES (2022)
https://www.anses.fr/fr/content/manque-d%E2%80%99activit%C3%A9-physique-et-exc%C3%A8s-de-s%C3%A9dentarit%C3%A9-une-priorit%C3%A9-de-sant%C3%A9-publique - RECOMMANDATIONS DE L’OMS
https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/337003/9789240014862-fre.pdf - MINISTERE DES SPORTS ET DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES
https://www.sports.gouv.fr/activites-physiques-et-sportives-en-milieu-professionnel-84 - ED 6494 LES POSTURES SEDENTAIRES AU TRAVAIL (INRS)
https://www.inrs.fr/actualites/postures-sedentaires-sante-travail.html - LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DU SPORT D’ENTREPRISE (FFSE)
https://ffse.fr/ - LA FÉDÉRATION FRANÇAISE D’ÉDUCATION PHYSIQUE ET DE GYMNASTIQUE VOLONTAIRE (FFEPGV)
https://ffepgv.fr/entreprise - TESTEZ VOTRE NIVEAU D'ACTIVITÉ PHYSIQUE
Combien de temps consacrez-vous à l’activité physique chaque semaine ? Et avec quelle intensité ? Quel que soit le niveau que vous pensez avoir, vous pouvez tester et évaluer votre niveau d'activité physique grâce à ce questionnaire élaboré par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
https://www.mangerbouger.fr/bouger-plus/test-de-niveau-d-activite-physiq...